Évaluation des compétences clés : les médecins de première ligne et l’aide au sevrage tabagique dans la région de Souss-Massa - 09/01/24

Le Maroc se classe parmi les principaux consommateurs de tabac de la région méditerranéenne, avec une consommation annuelle dépassant les 15 milliards de cigarettes et une estimation de la prévalence du tabagisme à 18 %. Face à cette statistique préoccupante, il devient impératif de solliciter l’assistance du personnel médical, en particulier des médecins généralistes, en vue de mettre en place des mesures appropriées. Notre étude a pour objectif d’évaluer les connaissances, les attitudes et les pratiques des médecins de première ligne en matière d’aide au sevrage tabagique.

Nous avons mené une étude transversale, durant le mois d’août 2023, utilisant un auto-questionnaire administré de façon aléatoire aux auprès d’un échantillon représentatif de médecins de première ligne exerçant au niveau de la région de Souss-Massa.

Au total, 92 médecins de première ligne étaient inclus avec une nette prédominance féminine (76,1 %). La moyenne d’âge était de 33,1 ans±ET 11,7 ans. La médiane des années d’exercice était de 3 ans (intervalle interquartile=[1 ; 37]), et presque 82 % des médecins exercent au secteur public. Environ 52 % des répondeurs ont déjà bénéficié d’une formation en tabacologie par des conférences, séminaires et ateliers, alors que seulement 3,3 % ont un diplôme universitaire en tabacologie et 40,2 % n’ont jamais bénéficié d’une formation dans ce domaine. En pratique, 45,7 % des médecins interrogeaient systématiquement tous les patients sur leurs habitudes tabagiques, alors que 43,5 % ne demandaient qu’en cas de présence d’une maladie liée au tabac. Concernant l’évaluation de la volonté du patient à arrêter le tabagisme, 53,3 % des médecins l’évaluaient chez tous leurs patients fumeurs et 39,1 % que si le patient exprime cette volonté, mais seulement 18,5 % des médecins utilisaient des scores pour évaluer la volonté (test de Fagerström, test de motivation à arrêter le tabac de Largue et Légeron). Le temps consacré pour les conseils et l’aide au sevrage tabagique ne dépassait pas 5min chez 56,5 % des médecins et entre 5 et 10min chez 32,6 %. Après évaluation de la volonté d’arrêt de tabagisme, si celle-ci est présente, 30,4 % des praticiens se contentaient de présenter des conseils à leurs patients, alors que 25 % les adressaient en consultation spécialisée de pneumologie et 21,7 % en consultation de psychiatrie, et seulement 18,5 % fixaient une date d’arrêt de tabagisme avec le patient avec un suivi rapproché par eux même. Le désintérêt des patients était jugé, par 31,5 % des médecins enquêtés, un obstacle important pour l’aide au sevrage tabagique, ainsi que l’absence de formation continue des médecins généralistes dans ce domaine (29,3 %).

Le médecin généraliste est le médecin de premier recours. Il occupe une place importante par son statut privilégié, en particulier pour les pathologies chroniques. L’aide au sevrage tabagique n’échappe pas à cette catégorie et doit faire partie intégrante de la consultation de tous les patients fumeurs.